Revu 'bulette, cet après-midi. Rendez-vous à Montparnasse. C'est un endroit où il semble qu'il faille que je me retrouve toujours, à un moment ou à un autre de ma vie. Les épisodes se succèdent ; le décor ne change pas des masses.
Etrangement, j'étais à l'heure. Mille excuses, je n'ai pas fait exprès. Bulette est encore plus jolie que quand elle était belle. Merci (qui ?) ; ça m'a fait plaisir de te revoir. Elle n'a pas changé. Un peu plus femme, peut-être. Elle aime toujours le mauve et le violet. C'est un clown faute d'assez d'assurance. Un kir et 3 cafés plus loin, escale à la FNAC avant d'aller voir Le Diable s'habille en Prada. Pas le film de l'année©, certes, mais j'ai bien aimé - pour les compositions de Meryl Streep et Stanley Tucci, essentiellement, et quelques répliques bien senties.
L'escale chez l'agitateur a (encore) fait quelques dégâts collatéraux. C'est évidemment la caverne d'Ali Baba - le passage en caisse en sus. L'embarras du choix finit toujours par accoucher d'un choix par défaut de toute façon plus coûteux que de raison. Bref, j'ai ramené dans ma hotte en plastique pas recyclable de quoi occuper quelques heures à venir.
D'abord, je n'ai pas pu m'empêcher d'investir quelques précieux euros dans l'achat du dernier album de reprises de Rod the Mod. A croire qu'il ne peut plus faire que ça, des reprises, le pauvre pépère. Le jour même où mon Suédois préféré me parle de « séquence nostalgie ». Marrant, ça. On peut toujours dire (à raison) que Rod chante de la soupe depuis une vingtaine d'années, j'adore sa voix, sa trombine d'écopouvantail et tout ce qu'il me rappelle. Rod Stewart, c'est le premier concert de ma vie, à 14 ans, embarqué par maman bibitch alors que je ne savais même pas qui était ce type. So soon we change (but not that much, en fait).
Et parce que je suis une vieille bique, j'ai laissé libre cours à mon affection trop longtemps réprimée pour les crooners - a fortiori s'ils ont fricoté avec la main noire. C'est pas glamour, ça ? Evidemment, Sinatra n'était certainement qu'un clown au milieu des Stompanato de tous poils, j'imagine qu'on aimait lui refiler une baffe de temps à autre ou lui demander d'aller chercher un paquet de clopes, mais avec Dean Martin (dIEU baise ses pieds à lui, tiens) et quelques autres (Mercer, Chet Baker ou John Fante , Ellroy, etc) il représente, directement ou non, la facette rutilante et pourrie jusqu'à la moelle qui me plaît tant dans les States d'avant la tarte à la crême Deubeuliou.
Dans le même ordre d'idées, et sur les conseils appuyés, très appuyés, d'un ami de mon voisin (qui connaît, je pense, la grand-mère de la fille de l'ancienne voisine de classe de ma buraliste, mais j'ai un doute), j'ai par ailleurs porté mon choix sur le Dino de Nick Tosches (« Ca se prononce 'Toche', hahaha », d'après un édenté à gilet vert, derrière son comptoir), biographie éditée chez Rivages/Noir. Tout un programme. J'attends avec impatience de retrouver les personnages interlopes (là encore) d'Ellroy, les croupiers, les Lawford, Moe Green et autres canailles à bagouses et starlettes.
J'ai également mis la main sur La Malédiction d'Edgar, histoire d'en savoir un peu plus sur l'omnipotent directeur du FBI, resté en place, contre vents et marées pendant près de 50 ans à l'aide de dossiers sur tout ce que les Etats Unis comptaient de personnalités, entre 1924 et 1972. Y retrouver les cassettes et les photos d'American Tabloid ?
Et j'ai enfin décidé de faire mon deuil des quelques 26 € de La Valise, de Lautner, vieux souvenir de Marielle qui prononce "Abdül", doucement agrémenté du Village des Damnés de Wolf Rilla que je me souviens avoir vu quand j'étais gosse, certainement au Cinéma de Minuit.
Et si tout va bien, j'irai voir La Mémoire de Nos Pères, demain soir. Croisons les fesses.